Jeux de société & FabLab, échanges avec Fabien Tanguy, auteur de jeux de société, découvrez son parcours au sein du FabLab !
Peux-tu te présenter, quel est ton projet au sein du FabLab ?
Bonjour, je m'appelle Fabien Tanguy, j'habite à Onet mais travaille à Rodez, je suis un membre actif depuis une bonne vingtaine d'années au sein de la MJC.
Tout d'abord avec le club d’Échecs, que je préside, et dont j'anime l'école auprès d'enfants tous les mercredis. Puis depuis le début des années 2010 j'ai co-fondé avec Ivan Cerles le club Jeux de Société.
Le club d'échecs a été l'un des tous premiers clubs à utiliser le FabLab avant même son inauguration !
En effet, nous avions besoin de trophées, coupes, médailles, pour la remise des prix de notre traditionnel tournoi du mois de mai. Plutôt que de dépenser une fortune dans l'achat de trophées personnalisés, la découpeuse-graveuse laser nous tendait les bras. Je m'y suis collé, j'ai découvert les joies de la gravure sur verre, puis sur l'ardoise, pour l'élaboration de trophées pour le coup très personnalisés, mais néanmoins à l'apparence assez pro !
Depuis, toujours pour les échecs, nous utilisons encore la découpe laser pour concevoir ou embellir des accessoires nécessaires aux tournois que nous organisons, comme par exemple des jolies plaquettes en bois gravées avec les numéros de table.
Concernant le club Jeux de Société, il n'y avait pas de nécessité particulière, ni d'urgence de calendrier. Le débat au sein du club a eu lieu pour savoir si une idée se profilait à l'horizon. Comment exploiter ce formidable outil ? Mis à part refaire des figurines de jeux avec l'impression 3D, rien de bien original... D'autant plus que la plupart des accessoires se trouvent en excellente qualité dans des boutiques spécialisées.
En revanche, personnellement, de part mon expérience avec la découpe laser grâce aux échecs, et vu la masse de projets de jeux que j'accumule - certains étant assez complexes à la fabrication - je ne me suis pas posé beaucoup de questions : j'avais devant moi une panoplie d'outils pour une qualité et un gain de temps redoutables.
Ah oui, j'ai juste oublié un petit détail : je suis inventeur de jeux ! Dans le milieu on parle même "d'auteur", terme qui correspond bien à la réalité. Vous savez, comme sur les livres, il y a le nom de l'auteur en première page, et bien sur une boîte de jeu c'est pareil.
Concrètement, en quoi le FabLab t'aide dans le développement de ton prototype ?
— Précision et gain de temps !
Le prototype qui illustre l'objet de cet entretien est un "objet ludique", en 3 dimensions avec des billes qui s'écoulent, conceptualisé dans ma tête il y a presque 3 ans déjà, puis fabriqué une première fois avec les moyens du bord chez moi dans mon petit atelier, avec des bouts de bois sciés, chantournés, collés. La manipulation était super hasardeuse, rien n'était aligné, ça frottait, ça bloquait... Mais ça suffisait pour me conforter dans l'idée que la mécanique du jeu était sympa. Restait à fabriquer une version un peu plus jouable pour le grand public.
La deuxième version, destinée à être présentée aux éditeurs, ne valait guère mieux. Le projet est resté en sommeil tant qu'aucune amélioration significative dans le confort de manipulation ne serait pas mise au point
Après une longue réflexion et un travail informatique de modélisation, pour les besoins d'un concours j'ai expérimenté une troisième version, beaucoup plus encourageante, mais il m'a fallu une semaine entière, à raison de plusieurs heures par jour pour la fabrication ! Je tenais le bon concept, mais il subsistait quelques frottements indésirables, la précision du chantournage montre ses limites, ce jeu est décidément très exigeant, ça se joue au millimètre près.
Nous arrivons donc à la quatrième version, réalisée à 90% grâce à la découpe laser du FabLab. Les 10% qui restent, c'est à cause du plexiglas de composition douteuse incompatible avec le laser, et qu'il a fallu travailler à la main. Temps de réalisation : environ une journée ! Précision : redoutable !
Grâce au FabLab, le jeu est devenu agréable à manipuler, relativement rapide à fabriquer. Tous les feux sont au vert pour démarcher honorablement auprès des éditeurs potentiels.
As-tu d'autres projets dans le futur, au sein du FabLab ?
Les projets, ce n'est pas ce qui manque. Le problème, ça va être le temps disponible. En ce moment je profite d'une période de congés, c'est assez exceptionnel. Cela dit, le gros du travail se fait derrière un écran d'ordinateur avec un crayon et des feuilles de papier, ça on peut le faire à la maison. Si tu ne t'es pas planté, un petit passage au FabLab avec tous les fichiers nécessaires peut suffire. Pour en arriver là il faut néanmoins déjà un minimum d'expérience, ou des bons conseils, merci Michel 😉
Sinon pour faire bref, avec le club d'échecs ce serait bien d'étudier l'élaboration de T-shirt pour l'équipe, ou encore de préparer d'avance des trophées génériques, de marquer (graver) les pendules au logo de la MJC, etc.
Côté jeux, une amie du club a perdu lors d'une inondation des figurines très spécifiques d'un super jeu, il faut que je regarde ce qu'il est possible de faire avec l'impression 3D. Concernant les projets personnels, le prototype suivant ne va pas tarder, encore un truc avec des billes !
Un conseil, une remarque pour les créateurs de jeux de société vis à vis de ces espaces de fabrication ?
— C'est une chance, une opportunité.
Le milieu de la création de jeux se professionnalise à une vitesse folle. Les prototypes présentés aux éditeurs et visibles sur les salons sont de plus en plus impeccables en terme visuel et en terme de conception purement physique. L'époque des bouts de papier découpés aux ciseaux et griffonnés à la main est révolue, du moins pour une version présentable au public.
Alors pour prendre le train en marche, il faut soit s'équiper de matériel onéreux (ou faire appel à des prestataires), soit avoir énormément de temps, soit passer au FabLab ! L'autre aspect non négligeable est le côté lieu de rencontre, d'échanges, d'inspiration.
Merci pour tes réponses, un dernier mot ?
Merci pour cet espace d'expression. Et longue vie à la MJC et son FabLab qui vont, j'en suis certain, susciter de véritables vocations et développer l'esprit créatif dont on à tous besoin.